(pris) jack falahee

s'ils ne sont pas liés par le sang, ils partagent de ces liens si forts qu'ils absorbent tout autour d'eux. d'elle, il dira qu'elle est sa soeur, la prunelle de ses yeux, l'unique personne dont le bonheur lui importe tant qu'il n'hésiterait pas à tout sacrifier pour le lui offrir. il l'a trouvée, à moins qu'elle ne l'ait trouvé lui, deux gamins sans famille, sans futur, écorchés d'une vie qui ne voulait pas d'eux. ensemble ils ont construit leur présent, puis leur futur, trouvé une mère de fortune et se sont jurés qu'ils n'avanceraient jamais sans l'autre. bambi est sa moitié la plus précieuse, une partie de lui qu'il doit concéder au temps qui passe et la transforme d'une adolescente dont il était si facile de gentiment se moquer, à une femme qu'il doit accepter de voir prendre son indépendance. protecteur (trop, indéniablement), il jurera qu'il ne fait tout ça que pour elle, parce qu'elle mérite le meilleur et qu'il sait à quoi ce meilleur ressemble. certainement pas à virgil, censé jouer à ses côtés le rôle du grand frère, virgil auquel il n'a pas pardonné le retour, virgil dont il ne supporte pas le regard qu'il pose sur sa soeur. leur relation, autrefois si forte au point de paraître indestructible, traverse des turbulences qu'aucun des deux ne sait réellement comment gérer. elle s'éloigne, par la force des choses, se retrouve plongée au coeur d'une amertume qu'elle ne partage pas et ne sait comment lui faire comprendre qu'elle n'avance bien qu'à trois. elle ignore qu'elle sera bientôt au coeur de leur guerre.

c'est l'histoire d'un coup de foudre. longtemps, v a observé jax, masqué par une grande ombre. longtemps, il n'y a eu que lui. jackson kid, son ballon aux pieds, et son envie à lui ; se révéler en sortant du noir comme un héros ténébreux et lui rendre sa passe. ça s'est fait sans qu'il ait à oser, jax l'a surpris là à le regarder comme un con et lui a dit "tu veux jouer ?". ils se sont plus jamais quittés. le petit lit une place de jax a accueilli en dessous de lui le matelas fait pour virgil, le monde entier a fondu pour se remodeler à leurs idées. tantôt château géant, tantôt flots déchainés. la petite voulait pas les lâcher, et quand virgil insistait, jax temporisait. "tranquille, c'est ma soeur". ils sont devenus trois, elle s'est coltinée leurs histoires et tous les mauvais rôles, tantôt dragon à abattre, tantôt sorcière à mater. quand ils se disputaient, le trio se scindait en un duo malavisé, maladroit qu'il fallait réparer : l'électron libre, toujours, finissait par rentrer dans son nid. on n'a jamais vu virgil sans jackson, v sans jax et jax sans v, et quelque part dans leur ombre toujours plus grande, toujours plus épaisse à mesure qu'ils gagnaient en âge, on trouvait sans arrêt bambi. quand virgil a décroché, a commencé à faire de la merde, jackson s'est accroché à cette certitude : je peux aussi ne pas sombrer. peut-être qu'il l'a fait pour elle, pour se montrer digne du rôle de grand frère qu'il revêtait comme une cape d'invisibilité le masquant aux méfaits que v, lui, embrassait en passionné. il aurait voulu être solaire, jax, blond comme v et pas brun comme un loup, plutôt le lion, le roi des animaux adulé par la savane comme v, partout où il chantait qu'il rêvait d'être roi, tout le monde s'inclinait. "et toi ?" certainement pas zazou... quand virgil s'est tiré, le creux béant a laissé place à un trou à combler. jax a occupé tous les plans, frère, roi de substitution, l'intérim lui allant comme un gant. il a gagné le respect, ses ténèbres se sont enorgueillies d'un or nouveau, fait pour lui, un titane brillant qui n'avait, selon lui, rien à envier à l'or de v. il lui a manqué, c'est vrai, mais peut-être pas autant que son absence l'a aidé... virgil revient et virgil est brisé, les léviathans sont bien cachés sous l'armure en or massif qui, elle, n'a pas bougé. pas un éclat sur le torse de l'enfant prodige qui revient en conquérant, alors que plus personne ne l'attend... personne à part elle. au fond d'elle, elle a toujours attendu son roi en exil.

jax l'a pas vu venir. les érynies qui tourmentent virgil, il feint de ne pas en entendre les cris. il veut juste pas qu'elles heurtent son ouïe entrainée à n'entendre que ses louanges à lui. il y a quelque chose entre eux qui s'est brisé pour toujours : ils se comprennent plus. une histoire de territoire, de place à prendre, d'occupation et de conquête. "tu reviens sur mes terres", disent les yeux bruns de jax au vert insolent des iris de virgil, et quand il le regarde, jackson entend virgil lui dire "je suis revenu pour tout te prendre. tout ce que t'as gagné en mon absence m'appartient. ta soeur aussi". l'heure est grave, l'affrontement en cours entre deux êtres qui s'aimaient et s'aiment profondément pourrait mal se terminer. l'un masque ses blessures et son trauma, le second feint de pas les voir parce que les accepter est trop compliqué : aider virgil, c'est juste pas / plus possible. il a besoin d'exister, jax, il a une volonté de puissance terrible en lui, en sommeil depuis des années et v, il réalise que tout a changé. se heurte au rejet infini de jax et se tourne vers la seule personne de leur trio qui fait encore du lien avec lui : bambi.